A l’instar du cinéma, le jazz est un pourvoyeur d’images : il investit le présent, impose un rythme, crée de nouveaux espaces et réinvente nos vies. Par la grâce de ses arrangements subtils comme au travers d’improvisations collectives, Stéphane Kérécki donne sur son dernier album (Nouvelle Vague - 2014) un deuxième souffle aux musiques emblématiques du cinéma français de la Nouvelle Vague. Le contrebassiste s’y projette en quartet sur onze films, de Ascenseur pour l’échafaud (L. Malle, avec cette B.O. dans laquelle Miles Davis improvisait à l’image en 1958) à La Mariée était en noir (F. Truffaut / B. Hermann, 1967), en passant par Lola (J. Demy / M. Legrand) ou A bout de souffle (J-L. Godard / M. Solal).

« I’m not the master of the sax, George Garzone is »

Michael Brecker

Après sa folle échappée sur les terres barbelées du punk rock (l’électrisant projet Bunktilt avec Steve McKay des Stooges), Lionel Martin signe cette année un retour au jazz le plus échevelé en invitant le saxophoniste des saxophonistes : Georges Garzone. Emule du souffle free de John Coltrane, l’Italo américain a développé dans les 70’s une étonnante approche de l’improvisation par “triades chromatiques”. Au sein de ce Madness Tenors, impressionnant quintet de barons du jazz et des musiques improvisées, le sax passionné du Lyonnais déploie toute son envergure. Le maestro Mario Stantchev en est, bien sûr (avec ses compositions), car là où il y a du plaisir, il y a Mario. Une histoire de dingues.